Dans les villes industrialisées comme Sfax et Gabès, la pollution industrielle prend plusieurs formes et aspects, ce qui rend sa gestion compliquée et difficile. Dans ce qui suit, nous allons présenter quelques aspects de la pollution caractérisant le secteur industriel.

        1-1. La pollution hydrique

La pollution hydrique est la pollution la plus commune et la plus connue de toutes les pollutions générées par les activités industrielles. C’est aussi la pollution la plus maitrisée compte tenue de l’expérience en la matière et compte tenu aussi des technologies innovantes et de pointe que proposent les concepteurs des stations dites de traitement des rejets hydriques. Il existe par ailleurs deux grandes familles de stations de traitement (ou de prétraitement en cas de disponibilité de réseau public d’assainissement), celles de type biologique et celles de type physico chimiques ; il existe aussi les stations combinées où l’on fait recourt successivement aux deux modes de traitement (physico chimique ensuite biologique).

La norme tunisienne NT 106-002  détermine le degré de pollution avec dépassement ou non de la limite désignée pour chaque paramètre dans les trois milieux récepteurs concernés à savoir, la canalisation publique, le DPH et le DPM.

       1-2. La pollution par les déchets solides

Dans le domaine industriel, il existe deux grandes familles de déchets solides, les déchets assimilables aux déchets urbains et les déchets industriels ou appelés aussi dangereux. Les déchets assimilables aux déchets urbains comportent les déchets de cantine, les déchets de bureautique et les déchets inertes issus directement des unités de production comme le papier, le carton, les chiffons, etc….

Les déchets dangereux sont définis par le le Décret n° 2000-2339 du 10 octobre 2000, fixant la liste des déchets dangereux. Ce décret a classé les déchets dangereux sous forme d’une première liste avec code par famille et par type de déchet (20 familles), une seconde liste par présence d’un quelconque constituant (53 constituants énumérés) rendant l’ensemble du déchet dangereux et une troisième liste par caractéristique de danger du déchet (suivant 19 classes). Les déchets dangereux les plus rencontrés dans la pratique sont ceux issus du secteur pétrolier, les huiles chimiques usagées, les produits chimiques périmés, les métaux lourds, les peintures et les solvants, etc…

        1-3. La pollution atmosphérique

La pollution atmosphérique est très pesante dans les deux régions de Sfax et de Gabès, le premier responsable en est le Groupe Chimique Tunisien avec ses unités de traitement du phosphate de Sfax (SIAPE) et de la Skhira (SIAPE II) au Gouvernorat de Sfax et de ses usines de production à Ghannouch au Gouvernorat de Gabès qui dégagent les plus grandes quantités de polluants d’où la confirmation de la notion des ‘’20 / 80’’ qui considère que les industries publiques (lourdes) représentant 20 % du tissu industriel génèrent 80 % de la pollution totale du pays.

a.​          Pour mieux connaître et maitriser la pollution atmosphérique, la Tunisie a commencé par instaurer sa première norme de la qualité de l’air ambiant le 28 décembre 1994, la norme NT 106-004 – La publication de cette norme a été suivie, en 1996, par la mise en place du Réseau National de Surveillance de la Qualité de l’Air (RNSQA) au sein de l’ANPE. Ce réseau regroupe 16 stations fixes de mesure de la qualité de l’air dans plusieurs villes dont Sfax (2 stations à Sfax ville et à proximité de la SIAPE) et Gabès (une station à Ghannouch) qui ont montré en effet des degrés de pollution atmosphériques assez importants dans ces villes. D’autre part, et pour assurer une meilleure couverture du territoire en matière de pollution atmosphérique, l’ANPE dispose de laboratoire mobiles pour évaluer la qualité de l’air dans les zones non couvertes par le RNSQA.

b.​        Si la norme NT 106-04 a concerné la qualité de l’air ambiant d’une manière générale (c'est-à-dire hors espaces de travail), la loi 2007-34 du 4 juin 2007 sur la qualité de l’air a été promulguée pour réglementer la qualité de l’air à la source auprès des unités émettant des pollutions atmosphériques que ce soit diffuses (cas des émanations au niveau des carrières) ou canalisées (cheminée), fixes ou mobiles.

L’objectif principal de cette loi étant de prévenir, limiter et réduire la pollution de l’air et ses impacts négatifs sur la santé de l’Homme et sur l’environnement ainsi qu’à fixer les procédures de contrôle de la qualité de l’air, afin de rendre effectif le droit du citoyen à un environnement sain et assurer un développement durable. Elle vise à raccorder toutes les sources industrielles d’émissions atmosphériques sur le RNSQA (Réseau National de Surveillance de la Qualité de l’Air) de l’ANPE afin d’assurer une surveillance continue de la qualité de l’air sur l’ensemble des zones industrielles et urbaines.

Cette loi a été consolidée par la promulgation du décret n° 2010-2519 du 28 septembre 2010 qui a fixé les valeurs limite à la source des polluants de l’air émanant des sources de pollution fixes et a définit les modalités de contrôle et de mesure de ces émissions.

En effet, ce décret a défini et arrêté les limites admissibles de tous les polluants de l’air allant des poussières aux polluant chimiques (oxydes soufre, etc…), aux métaux lourds, aux composées organiques volatiles, à l’amiante, etc … et a défini à la fois la hauteur des cheminée en découlant et les conditions nécessaires pour installer les appareils de mesure et les systèmes permettant leur raccordement au RNSQA.

Malheureusement la mise en application de ce décret trouve encore quelques handicaps compte tenu des valeurs limites jugées par les industriels comme étant très difficiles à atteindre et aussi aux difficultés liées à la mise en place des équipements de mesure et de raccordements au RNSQA.

Les cimenteries sont prises en compte par ce décret malgré qu’elles ont été réglementées par la norme NT 106-05 relative aux valeurs limites des valeurs des polluants des cimenteries par arrêté du Ministre de l’Industrie du 3 avril 1997 ce qui explique l’avance technologique en matière de dépollution atmosphérique des cimenteries (cas de la SCG à Gabès)

        1-4. La pollution sonore

La pollution sonore est restée jusqu’à ce jour sans réglementations spécifique. Le seul texte réglementaire existant est le décret relatif aux zones industrielles. Il existe toutefois un ancien arrêté émis par la municipalité de Tunis arrêtant quelques valeurs limites de la pollution sonore dans les zones urbaines mais qui reste spécifique à la ville de Tunis.

a.​         Décret n° 84-1556 du 29 décembre 1984, portant réglementation des lotissements industriels

L’article 26 du chapitre III dudit décret exige que « Le niveau de bruit de jour par une entreprise ne devra pas dépasser 50 décibels, mesurés au droit de la façade des habitations les plus proches de la zone d'activités. De nuit, des précautions supplémentaires devront être prises afin de ne pas provoquer de gêne aux riverains ».

Ce décret demeure très vague et ne permet pas de cerner l’impact de la pollution sonore sur le voisinage dans les différentes dimensions et les situations possibles.

        1-5. Autres pollutions

Il existe d’autres pollutions ou gènes aux riverains et à l’environnement comme

a.​ La détérioration de l’aspect paysager La pollution lumineuse ou Photo-pollution mesurée selon l’échelle de Bortle et qui peut affecter l’homme, la faune et la flore ;

b.​ La vibration qui peut affecter l’homme, la faune et la flore et surtout les bâtiments (fissurations allant jusqu’à effondrement) ;

c.​ La pollution olfactive qu’on peut dissocier de la pollution atmosphérique, etc…